Lectures recommandées
BENVENISTE,
Problème de linguistique générale.
MAINGUENEAU,
L’énonciation en linguistique française.En linguistique structurale, on ne se sert pas du contexte, on travaille sur des phrases hors contexte. L’énoncé linguistique est interprété grâce au contexte lui.
(Voir bulle de BD).
I. De l’opposition langue - parole à la distinction langue - discours.
1. La linguistique structurale et le rejet de l’énonciation.SAUSSURE distingue
la langue :
système linguistique qui est partagé par un groupe social (relève du collectif),
de la parole qui est une utilisation personnelle du système : de la langue (relève donc de l’individuel).Selon SAUSSURE, l’objet de la linguistique est la langue par exclusion de la parole. Il souhaitait fonder une science et il faut du général, du systématique pour cela.
La linguistique doit donc travailler sur des faits partagés, donc sur le système.
Tout le structuralisme issu de SAUSSURE est fondé sur l’exclusion de la parole.
Unité sur laquelle on travaille : la phrase.
La phrase du linguiste est une entité abstraite. Elles n’ont pas été produites dans des situations naturellement.
Elles servent à mettre en lumière les règles structurales / constitutives du système.
Phrase :
suite linguistique répondant à des règles de bonne formation. Un locuteur dans une situation particulière. Ex : « Je suis fatiguée » : elle trouve différentes réalisations et donc fait différents énoncés. (Je peux le dire pendant un cours "oula ce cours est long, je suis fatiguée, puis le soir mon copain peut me dire "j'ai eu une longue journée, je suis fatigué" : 2 réalisations différentes, 2 énoncés différents)
La linguistique structurale travaille sur les phrases tandis que la linguistique énonciative travaille sur des énoncés.
« Le ciel est bleu » : énoncé
Il y a autant d’énonciations (= chaque acte de prononciation d’énoncés) que d’énoncés.
Enonciation :
acte individuel d’utilisation de la langue.Enoncé :
objet linguistique qui résulte de cette utilisation de la langue par un locuteur particulier.Une énonciation est toujours construite dans une situation particulière et a des paramètres particuliers.
Paramètres : - Locuteur
- Allocutaire (personne à qui l’on s’adresse : < al = ad : vers)
- Référence (cause de l'énonciation)
- Moment particulier
- Lieu particulier
Enonciation :
« L’énonciation est cette mise en fonctionnement de la langue dans un acte individuel d’utilisation ». BENVENISTE
Un locuteur utilise la langue dans un acte individuel => on est dans l’étude de la parole selon SAUSSURE.
Selon SAUSSURE, il faut travailler sur des éléments stables et donc sur des généralités. Il rejette l’étude des énoncés.
2. La distinction langue – discours chez BENVENISTE.La distinction est remise en question dans les années 1960. C’est le moment de l’essor de la sociolinguistique. Elle travaille sur des sous-groupes et non sur du général.
On remet en question la proéminence du système général.
BENVENISTE pense que le langage ne se distingue pas entre langue et parole, car tout n’est pas individuel. L’énonciation n’est pas seulement individuelle. Il y a des faits généraux dans le processus de l’énonciation => Il y a un système de l’énonciation que l’on va pouvoir décrire scientifiquement.
La « parole » peut devenir un élément de l’énonciation.
BENVENISTE (1902-1976) travaillait dans la linguistique comparée, notamment le lexique indo-européen. La linguistique historique.
Puis il a fondé la théorie énonciative.
Il remplace la distinction de langue – parole par langue – discours et montre qu’il n’y a pas d’opposition nette, ils se nourrissent plutôt sans cesse l’un de l’autre.
Quand un locuteur parle, il utilise la langue et la CONVERTIT en discours.
« L’énonciation suppose la conversion individuelle de la langue en discours. » BENVENISTE.
Discours :
la langue en tant qu’assumée par l’Homme qui la parle.Le locuteur introduit sa présence, sa subjectivité dans la langue (ex : structures exclamatives.)
Dans cette perspective, l’objet d’étude est la langue + le discours.
La linguistique énonciative travaille sur le discours.
3. Définition du champ d’étude de la linguistique énonciative.Elle étudie cette mise en exercice du système, càd la manière dont les locuteurs font vivre le système pour en faire du discours.
Mais il est difficile d’étudier l’énonciation elle-même.
Le linguiste ne travaille pas sur l’énonciation mais sur des traces. On travaille sur les
traces formelles qui renvoient à l’acte de production de l’énoncé.
Marques linguistiques de la subjectivité :- Pronoms de 1re personne
- Exclamations
- Interjections
- Marque de croyance « je crois que »
- …
Elle ne s’intéresse pas au sens littéral des énoncés, elle étudie les formes qui dépendent de l’acte de l’énonciation.
II. L’appareil formel de l’énonciation.BENVENISTE cherche à répertorier les grandes catégories de marques formelles, il recense donc les marques spécifiques de l'énonciation.
Ex : les pronoms, les relations de temps dans le verbe français …
Réflexibilité de la langue :
le fait que le langage se reflète lui-même. Le mot « mot » reflète le langage.
Le dictionnaire a un emploi réflexif du langage.
La grammaire est un langage réflexif.
Il existe des mots qui réfléchissent l’énonciation, on a des termes de la langue qui renvoient à la mise en fonctionnement de la langue.
« Je » renvoie à la personne en train de dire « je » : il renvoie à l’activité d’énonciation.
BENVENISTE veut dresser l’appareil formel de l’énonciation : l’ensemble des formes linguistiques de l’énonciation (ces mots réflexifs).
BENVENISTE appelle la 3e personne la non-personne.
Texte de BENVENISTE issu de « l’Appareil Formel de l’énonciation », in Problèmes de Linguistiques Générales,Tome 2. (p81-85)
PLAN DU TEXTE
I. Les paramètres de l'énonciation1.
Locuteur (s'approprie la langue)
2.
Allocutaire (est implanté, justifie l'énonciation)
3.
La référence (la relation entre langue et monde extra linguistique, la cause de l'énonciation)
- Moment de l’énonciation
- Lieu de l’énonciation (font parti du monde extra linguistique)
II. Les formes linguistiques1. Indices de personnes- Pronoms personnels
Les nominaux
renvoient toujours et seulement à des concepts ils sont définissables sans contexte, par opposition aux représentants qui eux
renvoient toujours et seulement à des "individus", qu'il s'agisse de personnes, de moments, de lieux (...).
Or leur statut tient au fait qu'ils naissent d'une énonciation, qu'ils sont produits par cet évènement individuel(...).Ils sont engendrés à chaque fois qu'une énonciation est proférée, et chaque fois ils désignennt à neuf. "Je, tu, nous(je+tu), vous(tu+tu)" sont représentants
"il, ils, nous(je+ils), vous(tu+ils)" sont nominaux
à noté que les parties en italique proviennent de l'étude de Benveniste, mais j'ai un doute quant à la répartition des pronoms dedans et surtout au découpage de nous/vous- Possessifs
mon, ton - son
2. Indices d’ostension (et non ostentation !)
- Démonstratifs
Ce sont des termes qui impliquent généralement un geste désignant l'objet en même temps qu'est prononcée l'instance du terme.
ex : ce, ici, voici...
3. Les formes temporelles.La temporalité est créée par et dans l'énonciation dans le sens où les formes temporelles se déterminent par rapport à l'
EGO, centre de l'énonciation. (EGO : je au sens philosophique)
Les temps verbaux sont de forme axiale et le "présent" coïncide avec le moment de l'énonciation.
En a parte : Le présent est la source du temps car l'énonciation permet l'instauration du présent -l'Homme actualise le "maintenant"- et de la catégorie du présent nait la catégorie du temps.« Ainsi l’énonciation est directement responsable de certaines classes de signes qu’elle promeut littéralement à l’existence. » BENVENISTE
réédité !