CM 2 du 20/02/08 Langue Seconde
1e PHASE: Travaux influencés par le behaviorisme:
_ analyse contrastive;
_ analyse des fautes.
I. Analyse contrastive.Repose sur une idée très ancienne qui est que la langue première exerce une très forte influence sur le processus d'acquisition de la langue seconde ou étrangère.
17e siècle: on rédige dès cette époque des ouvrages de fautes typiques selon la langue première et la langue seconde. On pense que le locuteur d'une telle langue première produira tel type de fautes en langue seconde.
Idée reprise en 1957 par LADO.
L'analyse contrastive consiste à décrire les langues dans un cadre structural (comme en linguistique) en recensant les ressemblances et différences entre ces langues. On va ensuite postuler que les différences interlinguistiques seront des sources de difficultés pour les apprenants.
Donc on a l'idée que plus les langues sont éloignées (étymologiquement) et plus ce sera difficile pour les apprenants.
ex. le genre masc/fem en français mais pas en finnois.
Résumé en 3 points de cette analyse:_ analyse structurale = meilleur outil pour l'enseignement des langues;
_ comparaison des structures de chaque langue permet de prévoir les erreurs des apprenants;
_ prédiction de progression dans l'apprentissage.
Cette idée de comparaison reste jusqu'en 1969.
Cela nécessite une chose: l'enseignant connait la langue première des apprenants pour pouvoir comparer.
On veut enrailler le rôle néfaste de la langue première dans l'acquisition de la langue seconde. P.ex., en cours de langue seconde, il est interdit de parler en langue première...
Polémiques:1/ les erreurs prévues ne sont pas systématiquement attestées dans les productions des apprenants;
2/ on observe les mêmes erreurs chez des apprenants d'une même langue seconde mais de langues premières différentes;
3/ certaines erreurs faites par des apprenants d'une langue sont aussi faites par des natifs de cette langue;
4/ le recensement d'erreurs et de difficultés ne correspond pas du tout à la réalité.
=> l'influence de la langue première dans l'acquisition de la langue seconde n'est plus aussi certaine.
II. Analyse des fautes.Remonte au 17e siècle où l'on rédige des recueils de fautes.
Méthodologie indirecte: le maître de langue relève systématiquement les fautes des élèves.
1929: la grammaire d'Henri Frei, qui est une grammaire des fautes, a tenté de donner une explication fonctionnelle sur les écarts par rapport à la norme; la faute de langue est considérée comme un paliatif pour combler le déficit qu'on a dans la langue.
Par la suite, on a quantifié les erreurs mais insuffisamment quantifié les formes correctes.
Autre problème: différences entre faute absolue et faute relative difficiles à définir.
Fin des années 60: opposition entre les partisans de l'analyse contrastive et ceux de l'analyse des fautes (ou erreurs).
Les partisans de l'analyse des fautes vont critiquer l'analyse contrastive:
1/ Le fait que deux langues partagent des structures ne signifie pas que les structures de la L2 seront plus facile à acquérir, et vice versa.
2/ Le pédagogue n'a rien à faire d'une analyse structurale des langues.
3/ L'analyse contrastive ne tient pas compte de la variabilité des contextes d'enseignement.
4/ L'analyse contrastive accorde trop d'importance à l'interférence (de la langue première sur la langue seconde); d'après l'analyse des fautes, l'interférence n'est pas la seule source d'erreur.
III. CORDERCe sont les travaux de Corder (1967-1971) qui vont proposer une alternative aux deux analyses.
Innovations:_ Interlangue
_ Distinction entre fautes et erreurs.
Erreur: ce que l'apprenant fait systématiquement;
systématisation, constance et structure; n'appartient pas à la langue première.
C'est à mettre en relation directement avec la
compétence (Chomsky). Corder est influencé par le courant générationiste (grammaire intériorisée).
L'erreur est le signe que l'apprenant découvre la langue et ses règles et les applique. Ses règles sont en vigueur dans son interlangue.
Interlangue: système de l'apprenant qui ne correspond pas au système de la langue seconde ni de la langue première.
En écoutant ses erreurs, on peut reconstruire l'interlangue d'un apprenant à un moment donné. Cette interlangue évolue pour tendre vers la langue seconde.
erreurs = indices d'acquisition en cours.
Fautes: ce qui advient dans la
performance de façon
accidentelle et non systématique (p.ex. le lapsus).
Peut être commun aux apprenants et aux natifs.
Les erreurs ont une
triple interprêtation:
_ dans l'enseignement guidé, elles fournissent des indications à l'enseignant sur le stade où est l'apprenant;
_ elles fournissent des indices aux chercheurs sur la manière dont on acquiert une langue donnée;
_ elles fournissent à l'apprenant la possibilité de créer des hypothèses sur la façon dont fonctionne la langue seconde.
On traite la langue des apprenants comme un dialecte idiosynchratique (propre à l'apprenant) et les règles qui sous-tendent ce dialecte ne sont pas uniquement issues de l'apprenant.
Hypothèse nouvelle: les stratégies de l'apprenant de langue seconde sont les mêmes que dans l'acquisition de la langue première.
Etude selon Corder (toujours d'actualité):_ données textuelles d'apprenants à analyser;
_ données intuitionnelles (on sollicite des jugements d'acceptabilité de la part d'apprenants ou on leur demande d'énoncer les règles grammaticales qu'ils ont mis au point);
_ observer de façon longitudinale les productions de l'apprenant.
Influence de la langue première:
_ avant Corder: interférence.
_ après Cordre: transfert.
La notion de
transfert implique que l'apprenant est actif, qu'il recopie des structures de sa langue première.
L'apprenant progresse selon deux stratégies:
_
intralangue: au sein de la L2, l'apprenant fait des hypothèses et élabore des règles;
_
interlangue: il explore la L2 à travers des stratégies acquises en langue première.
=> il faut connaître la langue 1ère de l'apprenant pour faire des hypothèses de transfert.
Le CM 2 s'arrête là ^^